Les barrières physiques s’effacent

10 May 2021

Parmi les importantes activités qui ont été interrompues par la pandémie, figurent les contacts directs avec les pays membres, au sein même de leur environnement de travail. L’évolution des conditions sanitaires, porteuse de signes d’optimisme, permet la reprise des rencontres physiques, quoique assorties de conditions strictes.

C’est ce que montre la visite officielle au Portugal du directeur général de l’OIV, Pau Roca, la semaine dernière, inaugurant une série de futures visites dans différents pays en vue de renforcer l’indispensable contact avec les 48 pays membres de l’OIV.

Le Portugal, membre fondateur de l’OIV depuis 1924

Lors des deux jours qu’il a passés au Portugal, Pau Roca a pris part à plusieurs activités aux côtés de divers représentants du secteur. Le 5 mai, en compagnie du président de l’Instituto da Vinha e do Vinho (IVV), Bernardo Gouvêa, le directeur de l’OIV a ainsi été reçu par la ministre portugaise de l’agriculture, Maria do Céu Antunes. Cette réunion a mis en évidence l’étroite coopération et le fort dynamisme du pays auprès de l’OIV.

Réunion avec la ministre portugaise

de l'Agriculture, Maria do Céu Antunes

© Ministère de l'Agriculture du Portugal

Le lendemain, l’ACIBEV, Associação de Vinhos e Espirituosas de Portugal (Association des vins et des spiritueux du Portugal), organisait une conférence hybride lors de laquelle le directeur général a fait le point de la conjoncture vitivinicole mondiale en 2020. Sa présentation était suivie d’une séance de questions-réponses à laquelle participaient des personnalités du secteur vinicole portugais. Lors du discours d’ouverture de la conférence, le président de l’ACIBEV, Jorge Monteiro, a souhaité la bienvenue au directeur de l’OIV, le remerciant pour sa présence et sa contribution au secteur. Ces sentiments étaient partagés par Bernardo Gouvêa, qui lors de la clôture de la conférence, s’est dit extrêmement reconnaissant du travail accompli par l’OIV et de son lien étroit avec le Portugal.

Enfin, pour compléter ce programme, plus tard dans la journée, Pau Roca a eu l’opportunité de visiter le Centre expérimental pour la conservation de la variabilité des vignes autochtones, géré par l’Association portugaise pour la diversité de la vigne (PORVID*) en vertu d’un protocole de partenariat signé avec le ministère portugais de l’agriculture.

Les recherches portugaises reconnues dans les résolutions de l’OIV

Ce centre géré par la PORVID est une infrastructure innovante dédiée à la conservation intégrale de la diversité des variétés de vigne (diversité intravariétale) dans le but d’apporter valeur ajoutée, adaptabilité et durabilité à la vitiviniculture. Dix ans après sa fondation, plus de 30 000 génotypes sont déjà conservés, l’objectif ultime étant d’en mettre en sécurité 50 000, couvrant l’ensemble des 250 variétés autochtones du Portugal.

Cette banque de gènes vivante incarne l’innovation fondée sur la connaissance en fournissant des sélections polyclonales aussi bien aux viticulteurs qu’aux viniculteurs. Il s’agit d’une toute nouvelle méthodologie créée au Portugal et reconnue par l’OIV depuis 2019 à travers une résolution adoptée à l’unanimité par la totalité de ses pays membres. Grâce à cette reconnaissance, la méthodologie est devenue mondialement accessible, ouvrant la voie à une conservation globale de la diversité originelle des variétés anciennes de vigne dans les vignobles du monde entier. Voir la résolution OIV-VITI 564B-2019

À la fin de la visite, les résultats du travail accompli par le Centre ont pu être appréciés grâce à une dégustation de vins obtenus à titre expérimental à partir de variétés portugaises peu connues. La dégustation était guidée par António Graça, secrétaire du Groupe d’experts ENVIRO de l’OIV, qui représente Sogrape au sein de la PORVID. Parmi les vins dégustés figuraient le sercialinho, le tinta francisca ou le touriga fêmea, des variétés qui, comme l’a expliqué Graça, « pourraient être éteintes aujourd’hui si ce travail de conservation n’avait pas été entrepris il y a 40 ans ».

Pau Roca a exprimé ses remerciements pour la visite et la présentation du projet, déclarant que « l’avenir de la vitiviniculture mondiale résidait dans ce type d’approche en faveur de la conservation de la biodiversité et de la compréhension de la nature ».

Et le directeur général de l’OIV de conclure en félicitant les responsables des résultats déjà tangibles et en les remerciant d’avoir impliqué l’OIV dans leur diffusion à l’échelle mondiale.

Sercialinho, le tinta francisca ou le touriga fêmea, sont des variétés qui, comme l’a expliqué Graça, « pourraient être éteintes aujourd’hui si ce travail de conservation n’avait pas été entrepris il y a 40 ans ».

* À propos de la PORVID
La PORVID est une association à but non lucratif créée en 2009 dans l’objectif de conserver et d’apporter une valeur ajoutée à partir de la diversité génétique et de populations sauvages de vigne. En 2010, le ministère de l’agriculture du Portugal a signé un protocole avec la PORVID pour la création du Centre expérimental pour la conservation de la variabilité des vignes autochtones, lui en confiant la gestion pour une période de 50 ans. La PORVID, à laquelle se sont intégrés une municipalité, des instituts publics, des universités, des associations techniques, des sociétés privées et des entrepreneurs indépendants, relève et collecte des variétés de vigne menacées d’extinction dans les vignobles anciens, donnant la priorité à celles qui sont destinées à être arrachées, et les conserve dans des collections établissant la diversité de chaque variété, qui peuvent faire l’objet d’études par la suite. Les connaissances générées par ces études constituent le fondement de sélections polyclonales qui permettent aux viticulteurs de planter des vignobles alliant le rendement économique à la résilience et à la durabilité. Ayant publié un remarquable corpus d’articles scientifiques, la PORVID appuie également les efforts de conservation de la diversité au-delà des frontières du Portugal.